La violence conjugale peut être de la violence physique ou sexuelle, de la violence psychologique ou de la violence économique.
La violence physique se caractérise par l’emploi de gestes violents dans le but de vous blesser.
« Il jouait beaucoup à du poker en ligne et un jour, je ne sais pas pourquoi, comment, il a pété un plomb, ça a été la première fois où il a tenté de m’étranger […] »
« Quand je suis passagère en voiture, je ne dois pas regarder les passants sinon ce sont des coups de poing dans les genoux. »
« Je donne le sein et on me tabasse dans le dos en même temps. »
La violence sexuelle est un geste à caractère sexuel commis sans votre consentement, sous la menace ou le chantage.
Voici quelques exemples de violence physique et/ou sexuelle :
- Être giflé
- Recevoir des coups de poing, des coups de ceinture ou autre
- Être tiré par les cheveux ou être poussé
- Subir des attouchements sexuels sous la contrainte
- Subir une relation sexuelle sous la contrainte
La violence psychologique est un comportement ou un ensemble d’actes qui visent à vous rabaisser ou à vous dénigrer.
Voici quelques exemples de violence psychologique :
- Propos dévalorisants ou dénigrants, tenus en privé ou en public
- Insultes
- Menaces (de diffusion de vidéos à caractère sexuelle par exemple)
« Quand on s’est rencontré, je devais partir en voyage avec une copine à Djerba. Il ne comprenait pas l’intérêt et il m’a fait passer pour ce que je n’étais pas en me disant que j’y allais pour du c**. Il continuait en me disant que j’étais libre mais qu’il préférait que je n’y aille pas. J’ai annulé mon voyage. »
« Parce qu’un homme m’a recousu à mon accouchement j’étais une grosse s*****. Il m’a interdit de reprendre la pilule parce que j’étais une grosse s*****. Je suis retombée enceinte 20 mois plus tard. »
La violence économique est un comportement qui vise à vous priver d’autonomie financière, et à vous placer sous le contrôle de votre conjoint, ou de votre partenaire de Pacs ou d’union libre.
Voici quelques exemples de violence économique :
- Contrôle total des ressources du couple et de leur utilisation
- Privation de ressources de l’autre membre du couple
- Mise en danger de votre patrimoine (signature d’hypothèque, souscription de crédits à la consommation)
Vous êtes victime de violence conjugale si vous subissez un ou plusieurs des faits cités ci-dessus de la part de votre conjoint, ou de la part de votre partenaire de Pacs ou d’union libre.
Service Public (2024), Violences conjugales, Qu’appelle-t-on violences conjugales ? Consulté le 19/08/2024 et disponible à l’URL : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F12544
Combien de personnes cela concerne ?
244 000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées en 2022 par les forces de sécurité, soit une augmentation de 15 % par rapport à l’année précédente.
Deux tiers de ces violences sont des violences physiques, 30 % des violences verbales ou psychologiques et 5 % des violences sexuelles. On retrouve souvent plusieurs type de violence en même temps. La grande majorité des victimes sont des femmes (86 %) et les mis en cause sont le plus souvent des hommes (87 %). Seulement une victime sur quatre de violences conjugales a porté plainte.
Ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer (2024), Les violences conjugales enregistrées par les services de sécurité en 2022. Consulté le 19/08/2024 et disponible à l’URL : https://www.interieur.gouv.fr/actualites/communiques-de-presse/violences-conjugales-enregistrees-par-services-de-securite-en-2022#:~:text=244%20000%20victimes%20de%20violences,et%205%20%25%20des%20violences%20sexuelles.
Ressources utiles
- Plus d'informations surles possibilités d'actions selon notre statut Suis-je concerné.e ? A qui m'adresser ? Ce que dit la loi. Des conseils pour ma sécurité. Je suis témoin, je peux agir !
Les ressources dans l'Ain
Un médecin généraliste, le médecin traitant, un médecin spécialiste comme un gynécologue peuvent être une première porte d’entrée pour parler de son vécu et des violences subies.
Une consultation est également possible au Centre Hospitalier de Bourg-en-Bresse.
L’Avema, association d’aide aux victimes du département de l’Ain est également ressource : 04 74 32 27 12, accueil@avema01.org.
AVEMA France Victimes 01 1, rue de la bibliothèque 01000 Bourg-en-Bresse.
Le CIDFF de l’Ain fait, par ailleurs, partie du réseau des CIDFF – Centres d’information sur les droits des femmes et des familles. Les CIDFF informent, orientent et accompagnent le public, en priorité les femmes, dans les domaines de :
- l’accès au droit,
- de la lutte contre les violences sexistes,
- du soutien à la parentalité,
- de l’emploi, de la formation professionnelle et de la création,
- d’entreprise ; de l’éducation et de la citoyenneté,
- de la sexualité et de la santé.
Enfin, un accueil de jour femmes et enfants est ouvert à Bourg-en-Bresse.
Le témoignage de Delphine
Nous remercions Delphine de nous avoir livré son témoignage.
« Je suis originaire de la région parisienne où mes parents se sont rencontrés. Mon père est originaire d’Ardèche. Celui-ci étant policier, on a régulièrement déménagé. A 19 ans, j’étais en fin de première année de faculté, mon père m’a dit : ‘Je prends ma retraite, on va vivre en Ardèche. Qu’est ce que tu fais ? Tu viens avec nous ou pas ?’ Je lui ai répondu que je n’aurais pas grand chose à faire là-bas, ce sur quoi il m’a dit ‘Dans ce cas là, tu prends un appartement, tu as un mois pour trouver quelque chose’. Je l’ai vécu comme un nouvel abandon et je leur en ai beaucoup voulu. C’est dans ce contexte que je rencontre mon premier amour, un homme marié. Ça a duré cinq ans. »
La rencontre
« C’était en 2008, j’avais vers 24, 25 ans. Je travaillais et je vivais seule : métro, boulot, dodo et copines le week-end. J’avais eu une histoire amoureuse qui s’était finie l’année précédente, mon premier amour. Je rencontre alors cet homme qui deviendra le père de mes enfants et avec qui j’ai été mariée cinq ans. Au début, tout est simple, tout est beau, tout est magnifique. Il est gentil. Je rencontre très vite sa famille. Ils me disent que c’est l’homme parfait, qu’il est exceptionnel, qu’il est toujours présent, à rendre service. Il est albanais et ils sont très famille. Moi, ma famille, je ne l’avais plus donc je venais de rencontrer un homme super avec une famille, c’était la double victoire pour moi. »
Le quotidien
« Quand on s’est rencontré, je devais partir en voyage avec une copine à Djerba. Il ne comprenait pas l’intérêt et il m’a fait passer pour ce que je n’étais pas en me disant que j’y allais pour du c**. Il continuait en me disant que j’étais libre mais qu’il préférait que je n’y aille pas j’ai donc annulé mon voyage. Je me suis disputée avec cette copine et je ne l’ai plus revue.
On vit ensemble et on se marie au bout d’un an de relation. Une fois mariée, j’apprends de mon mari qu’il a pris de la drogue et qu’il a fait de la prison. Il m’assure que tout est réglé mais que ses amis lui avait déconseillé de m’en parler avant le mariage. Je l’aimais donc je décide d’accepter ce qu’il me dit et de continuer notre histoire.
Il jouait beaucoup à du poker en ligne et un jour, je ne sais pas pourquoi, comment, il a pété un plomb, ça a été la première fois où il a tenté de m’étranger. Je lui ai dit : ‘Tu sais quoi ? Je prends mes chats et je me casse’, il m’a répondu : ‘Tu vas aller où ?’ Puis il s’excuse et me garantit qu’il ne recommencera pas. C’était le premier acte de violence, mais pas le dernier.
Mes parents et ma famille sont loin, je ne vois plus personne, je suis isolée.
Le quotidien se met en place où je ne dois pas regarder les hommes dans les yeux. Quand je suis passagère en voiture, je ne dois pas regarder les passants sinon ce sont des coups de poing dans les genoux. Je suis stressée en permanence, tout ce que je fais est mal, tout est sujet à dispute, à recevoir des coups de poing. »
L’arrivée des enfants
« Deux ans après notre rencontre, l’horloge biologique se faisant ressentir, je souhaite avoir un enfant. Après une prise en charge médicale au niveau des hormones je tombe enceinte. La grossesse se passe bien, je prends peu de poids. Mon fils nait un 23 décembre.
Mon fils est né depuis deux heures et je me fais violemment insultée. Parce qu’un homme m’a recousu à mon accouchement j’étais une grosse s*****. Mon mari m’a interdit de reprendre la pilule parce que j’étais une grosse s*****. Je suis retombée enceinte 20 mois plus tard. J’étais désemparée par cette nouvelle, au vu de ma situation, je ne me voyais pas avoir un deuxième enfant. J’en ai fait part aux professionnels qui me suivaient à ce moment-là. Mon mari, avec qui je ne partageais plus rien, n’envisageait pas que j’avorte. Ma fille nait en 2012.
A partir de cette date, c’est la descente aux enfers. J’ai retrouvé de la drogue dans notre appartement, il dealait. S’en suivent des disputes violentes quotidiennes, des insultes… Pendant que j’allaite ma fille, il me tabasse… Il commençait également à insulter les enfants et les traiter de débiles parce qu’ils pleuraient. »
La séparation
« Une nouvelle dispute a éclaté en juin 2013, mon mari m’a fait volé à travers la pièce, ce qui m’a blessée au visage et il a ensuite tenté de m’étrangler. Le lendemain matin, il m’a laissée les clés de la voiture pour aller faire des courses. Je suis partie avec les enfants et je ne suis jamais revenue. Je n’avais pas imaginé partir de cette manière mais cela s’est fait à ce moment-là. »
La reconstruction
Mon frère m’a hébergée pendant six semaines. Je lui ai tout raconté, j’avais la sensation que ça m’empêcherait d’y retourner si les gens savaient.
J’ai porté plainte en juillet 2013 et au nom de mes enfants en 2022. J’ai divorcé entre temps. J’ai également rencontré des assistantes sociales et une psychologue qui m’a parlé du groupe de parole de femmes de l’accueil de jour femmes et enfants.
A mon sens, il faut déculpabiliser, laisser le temps au temps et il faut parler de ce qui est arrivé.
Depuis 2015, j’ai rencontré quelqu’un. Aujourd’hui, nous vivons ensemble et formons une famille recomposée. »